Windows Hate?

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Me voici donc de plus en plus en face de ce nouveau système d’exploitation, dans le cadre des formations que je dispense. Acrobatie notoire, puisque je suis censée expliquer comment fonctionne un système… que je ne pratique pas au quotidien, mon PC étant encore sous Win7. Un petit retour utilisateur alors, avec un jeu de mot qui à mon avis va se généraliser, parce que franchement, Windows 8, c’est un tout autre monde.

nianPour commencer, l’OS change radicalement d’aspect visuel, et on sait que c’est pour viser à une uniformisation des systèmes tablettes/téléphones portables/PC. “Afin que l’utilisateur s’y retrouve un peu mieux” qu’ils disent. Pour le moment cependant, cela ne fait qu’ajouter à la confusion, pour ceux qui commençaient tout juste à saisir les subtilités de Windows. Microsoft se paie le luxe d’enlever des fonctionnalités devenues essentielles, comme le “Menu/Démarrer” : comble de l’ironie, il y a des logiciels pour restaurer ce fameux menu, et certains sont payants. L’économie numérique se fait une fois de plus plaisir sur le dos de la veille technologique.

Sur les divers détails qui évoluent, comme à chaque version de Windows, je n’ai pour le moment pas encore assez de recul. Cependant, un changement discret mais notable m’interpelle. Les paramètres avancés et autres subtilités customisables qui font selon moi tout l’attrait de Windows – par opposition au Mac où tout est conçu pour que l’utilisateur n’aie rien à configurer, justement – semblent de plus en plus inaccessibles. Alors que j’appréciais justement cet équilibre délicat entre le pré-mâché et le tout-à-faire façon Linux, Windows me semble pencher résolument vers l’option “pas besoin de neurones pour s’en servir”. Et là, c’est le drame. Le fameux drame évoqué depuis le début.
let you goJe suis technicienne dans une certaine mesure, professionnelle diplômée en services et réseaux de communication, utilisatrice passionnée et fervente adepte du PC : mon regard est avant tout celui d’un utilisateur qui a su transformer cet outil en objet de travail et de passion quotidienne. Depuis plus de 15 ans, l’informatique est passé de l’underground au hype, et du domaine des des spécialistes à celui des novices quotidiennement forcés de prendre en main l’ordinateur, qu’ils en aient vraiment envie ou pas.
Nous avons dans la eMKa Team un portable, Renard (Chenapan!) qui a plus de 10 ans et qui tourne encore. Par contre, dans les portables acheté les cinq dernières années, trois sont morts en moins de deux ans. Je collabore à une boutique de maintenance informatique : là où changer un ventilateur était monnaie courante pour n’importe quelle personne habile de ses dix doigts il y a peu, désormais, c’est devenu un vrai casse tête. Et quand la pièce est réparée, s’ajoutent les différentes versions du driver à trouver. Entre système 64 ou 32 bits, versions de bug fixées il y a à peine quelque mois et quasiment introuvables, réponses généralistes des constructeurs qui se renvoient tous la balle, et les instructions en chinois quand il y en a, c’est devenu ubuesque. Pour un problème de spouleur sur une imprimante, 50 possibilités à explorer.
Quand je constate que tout est en train d’être verrouillé pour que l’on rachète une machine tous les deux ans, je m’interroge fortement sur la pertinence du système. Et l’écart se creuse : entre un lecteur ici non informé, qui aura du mal à comprendre de quoi je parle, et un geek qui se dit “Mais voyons, il faut prendre Linux et monter soit même sa bécane, c’est évident!!!”, la différence est notable.

Bien sûr, je ne me dit pas experte en système informatiques customisables, en optimisation de systèmes d’exploitations, ni encore moins programmeuse qui pourrait palier à ces soucis. Je remarque juste que mon jouet favori, qu’on avait promis (rêvé?) comme évolutif, personnalisable et, à terme, facile d’accès pour “révolutionner” nos vies, a complètement été détourné de ces promesses. D’un côté, on a les utilisateurs experts et passionnés, qui passent leur temps à se mettre à jour, et courir vers l’underground toujours plus libre, mais aussi bien plus compliqué. De l’autre, l’utilisateur lambda, à qui on va encore vendre des produits pour mieux acheter ses neurones, espaces publicitaires et sollicitations d’achat permanentes en échange d’une technologie qui n’a, non pas une utilité restreinte, mais pour but qu’un usage lui très ciblé : vendre vendre vendre.

Au final, le désarroi que je rencontre lors de mes cours d’informatique n’a d’égal que l’élitisme forcené de certains de mes amis spécialistes. Et en faisant des allez-retours entre ces deux camps, un gros point commun : l’incertitude permanente, qui pousse chacun dans des retranchements extrêmes. Un déséquilibre que je ne constate pas dans d’autres sujets, qui eux se stabilisent (grandes écoles, théories, mouvements), développent des choix durables (solutions à long terme, accords entre usagers et constructeurs), et surtout, cherchent un dialogue qui vise au confort de tous. En informatique, le déséquilibre est devenu permanent : trop de supports différents pour définir de grandes tendances solides, développement matériel à obsolescence programmée, contact entre le créateur et le bénéficiaire absurdement compliqué. Les accidents ou grosses erreurs qui permettent d’avancer en science, techniques, et même philosophie ne sont pas source de remise en question des auteurs, mais seulement de ceux qui l’utilisent.
Quand va-t-on enfin cesser la “géguerre” Mac/PC/Linux pour admettre qu’il y a trois grandes écoles, selon les types d’usagers, tout simplement?  Quel comité de réflexion ou d’action va obliger les constructeurs à s’uniformiser et à être accessibles à l’utilisateur final? Qui va enfin faire la part des choses entre nécessaire investissement technologique et accessibilité financière de l’objet?

Vendre des machines à laver qui ne prennent qu’une seule marque de lessive. Des voitures dans lesquelles on ne peut écouter que certaines stations radio. Des livres qui se désagrègent au bout de six mois. Développer des théories uniquement compréhensibles en Turc, ou aux aveugles. Créer des maisons dont les briques sont impossibles à remplacer, des hôtels dans lesquels il faut donner un euro à chaque porte que l’on passe. Pourquoi pas. Mais convenons-en : si le pouvoir d’achat ne suit pas (ce qui est fort probable), et que les capacités à intégrer de nouvelles informations pour utiliser convenablement un ordinateur arrivent à terme (car tout le monde ne peut pas, tout le temps, faire un effort ou financier ou intellectuel), Bic et Clairefontaine ont un bel avenir devant eux.
“C’était mieux avant” il parait… et l’industrie de l’informatique ferait bien de ne pas l’oublier.

0 thoughts on “Windows Hate?

  1. J’ai eu du mal à m’adapter au début à Windows 8 et à trouver mes repères mais avec l’habitude on s’y fait assez vite . Et même maintenant je ne voudrai pas revenir en arrière ^^

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