Bonjour!
Voilà plus de 2 ans que ce site existe, et régulièrement, je fais un récapitulatif de son contenu, afin aussi d’y proposer un but, car ce qui est posté ici n’est pas choisi au hasard…
Voir le post “Un an déjà”.
Tout d’abord, la génèse : deux filles, assidues de technologies et cultures “cyber”, décident de parler de l’état d’esprit geek version féminine. Le terme geek en 2009 est connu, et la majorité de la culture qui s’y réfère est très masculine (voir le documentaire Suck My Geek, diffusé en 2007). De plus, les femmes impliquées dans les nouvelles technologies sont considérées comme des exceptions – c’est toujours le cas d’ailleurs. Nous pensons que non seulement, nous ne sommes pas si peu nombreuses, peut-être plus discrètes tout simplement, que l’usage des technologies, d’internet, et des ordinateurs nous est tout à fait légitime et nous appartient tout autant qu’à nos confrères masculins, mais qu’en plus nous sommes force de proposition, de réflexion, voire de consommation dans ce domaine. Le blog est donc lancé.
La question est posée de savoir si l’on publierait en français ou en anglais, langue de référence dans ce domaine. Une réflexion de eMTv nous éclaire: peu de ressources sur le sujet sont francophones, autant y participer.
Tout d’abord, nous avons fait un tour d’horizon des références geek: les films, les tendances, les séries TV. Que nous avons affiné avec des icônes féminines : styles geekettes, cyber héroïnes, robots féminins. Enormément de sites web traitant de la tendance geek, nous avons choisi de ne pas faire doublon en publiant tous les liens vers des news, objets, évènements, que nous trouvions au gré de nos surfs, afin de nous concentrer sur les grandes tendances.
Un an après le lancement de ce blog (voir le contenu 2010), il était devenu évident que nous étions plusieurs à avancer sur le thème. Notre liste de sites féminins et geeks s’est aggrandie, et le terme de “geekette” se lisait partout sur Twitter, dans les magazines, et même à la télévision.
Ayant déjà proposé une base pour décrire la tendance, nos news se sont tournées un peu plus vers nos expériences personnelles : que faisions nous au quotidien, quelles étaient les actualités que nous suivions, nos objets préférés. L’objectif : décrire un ensemble d’activités, de choix, d’intérêts, que nous avons, en tant que geekettes.
2011 : avec la publication du podcast “Salut Les Geeks” (qui désormais a changé de nom et s’appelle “Mix Media Hyper Culture”), notre tendance témoignage se confirme. Comme déjà dit, de très nombreux sites se font relais des informations dans le domaine et nous n’avons ni la prétention, ni même le temps, d’effectuer un travail journalistique.
Force est de constater aussi que la communauté geek se renforce, et comme toutes les communautés, se fédère autour d’un combat, la culture du “libre”. Véritable fer de lance exacerbé par HADOPI et la chasse aux hackers, la libération de l’information sur Internet est depuis un an au coeur de tous les sujets. Le mouvement Anonymous fait du bruit, Julien Assange est un héro, et tout le monde cherche une solution à ce véritable enjeu social.
Les majors de la distribution brandissent l’étendard de la survie des artistes, bien dérisoire car dans notre société de consommation 2.0, tout le monde considère que les créateurs ne sont absolument pas assez payés et que les maisons d’éditions et autres acteurs du business culturel sont de toute façon ceux qui font les plus gros bénéfices sur ce marché. Les défenseurs du “tout libre et gratuit” maintiennent les sites de diffusion de liens peer-to-peer, dévelloppent des logiciels open-source, et s’attaquent (non ce ne sont plus des menaces désormais) aux grandes entreprises, voire aux gouvernements, en démontrant leurs propres faiblesses, en général des failles de sécurité basiques, voire même du phishing… Je viens même de lire un article qui considère que dans très peu de temps, ces actes seront considérés comme du terrorisme.
“Touche pas à mon internet” pourrait être le mode d’ordre de toute une génération pour qui télécharger n’est pas voler, mais tout simplement avoir accès à tout un pan de la culture qu’elle ne peut pas acheter. Le bras de fer s’annonce bien long, et la porte s’ouvre vers de nouvelles pratiques. D’un côté les penseurs d’HADOPI proposent de prioriser les données échangées sur le réseau, en gros, de faire passer en premier les paquets d’octets qui servent les intérêts capitalistes. De l’autre, une masse indistincte mais conséquente de consommateurs (de bande passante, et non de produits commerciaux), qui envisagent de cacher leur identité en changeant régulièrement d’adresse IP, en cryptant leurs réseaux et en créant leurs propres réseaux wifi libres. Le tout soutenu de part et d’autre par des sites d’influence, des groupes de pensée, des théories, et des actions de force.
J‘ai entendu il y a quelques jours un confrère de Twitter m’affirmer que “geek, cela ne veut plus rien dire”. Evidemment, lorsque l’on fait partie d’une communauté qui a été, se pense encore, et se veut surtout, underground, voire élitiste (n’est-ce pas, toi lecteur de leet speak), entendre ce mot galvaudé et appliqué à de gros n00bs juste parce qu’ils ont un compte Facebook, c’est révoltant.
Cependant, j’y vois la possibilité de définir les contours non plus seulement d’une génération, mais de tout un mouvement de pensée et de comportement.
Ce site est donc “féminin”, car rédigé par une (des) femme(s), c’est le point commun de tous les sujets déclinés ici. Mais il est aussi pensé comme une base de donnée (modeste, j’en conviens), et de réflexion sur la geek-attitude en général.
Les geeks ne sont pas seulement des digital natives, ce sont, à mon avis, avant tout des digital immigrants (source wikipedia pour définitions). Ils ont connu l’avant et l’après. Ils savent ce que cette nouvelle culture a apporté. Qui a connu le Quid ou le Bescherelle et ne peut plus désormais se passer de Google Search.
C‘est à cette génération, actuellement trentenaire, qu’appartient de faire le lien entre les usages passés et les usages futurs. L’écart est grand entre ceux qui “tiennent” le monde, essentiellement politiciens et grand entrepreneurs investisseurs, qui ont tous en majorité entre 50 et 65 ans, et les adolescents des Skyblogs, pour qui il est légal de télécharger “puisque cela a été mis sur internet”.
Cette évolution a été primordiale, personnellement je la considère équivalente à la Révolution Industrielle qui a eu lieu au 19e Siècle en Europe.
Les moeurs, les lois, les habitudes, ont changé. Et en ce sens, notre esprit, notre façon de concevoir l’apprentissage, le savoir, la culture, en ont été transformés.
Je suis pour un règlement “à l’amiable” des conflits qui opposent ces usages, pour une véritable refonte intellectuelle du processus de partage, une solution légale et juste qui pourrait nous permettre de continuer à avancer, et surtout pas de reculer dans ces usages qui ont bouleversé notre monde.
Je suis une geekette, je seed, je leeche, je découpe, je transforme, je donne, je rend, je travaille gratuitement, je partage avec le monde entier, je parle plusieurs langues et je voyage, je gagne de l’argent, parfois un peu lorsque je travaille pour de petites structures, parfois beaucoup lorsque de grosse compagnies font appel à moi. Je modère mes tarifs selon les possibilités de ceux qui font appel à mes services. Je donne des cours, j’échange des biens et des objets, je recycle, je répare, je bricole. J’achète parfois. De la seconde main bien souvent.
Je rêve. Je crée. J’agis. Et j’en parle.