“Les Y sont les jeunes adultes nés entre 1980 et 1990. Une de leurs particularités? Avoir grandi avec Internet. Ce qui leur vaut d’ailleurs une autre appellation, celle de digital natives. Communication paroxystique, mobilité incessante, information instantanée, sont dans l’ADN des Y. Nous avons, pour la plupart d’entre nous, suivi des études en sachant pertinemment que ça ne mènerait à rien,ou presque. Sans en avoir conscience, nous détenions la clé du succès. A force de côtoyer la précarité, nous avons appris à la contourner. Qu’il s’agisse du travail ou des autres sphères de la vie plus intimes, nous avons inventé d’autres modes de fonctionnement, puisque le système de nos parent était mort. Le long terme, nous ne connaissons pas. (…) Nous savons la révolution perdue d’avance, ceux qui voulaient changer le monde sont devenus propriétaires et se préoccupent aujourd’hui du montant de leur retraite.
Un brin désenchantés peut-être, mais surtout entreprenants, nous avons su dès le début que nous ne serions pas aidés. Notre société civile 2.0 a compris qu’elle ne devait compter que sur elle même. Si nous confessons un certain individualisme, de notre précarité est née une solidarité d’un genre nouveau, celle des réseaux sociaux, dont la seule ligne de conduite est la Débrouille, avec un D majuscule. Et ça marche.”
L’introduction de “La Génération Y par elle même” (Myriam Levain et Julia Tissier), m’a donné envie d’acheter le livre après l’avoir lue il y a quelques semaines chez un ami. L’analyse sur l’usage des technologies m’intéresse particulièrement, je suis donc un peu sélective dans mon parcours des chapitres controversés de cette publication (les différentes critiques de lecteurs sur Amazon montrent des avis très partagés sur ce livre). Mais de fait, les données socio-culturelles sur la génération Y sont aussi intéressantes pour comprendre certaines pratiques liées à l’esprit “geek”. Et ce qui m’a le plus interpellé, c’est cette idée de Débrouille.
Tout d’abord un rectificatif sur la définition du Y de Génération Y : contrairement à ce que je croyais depuis longtemps, il ne désignerait pas le Y de Y2K (Year 2K, an 2000) pour parler des jeunes ayant eu plus ou moins 18 ans en l’an 2000. Je blâme d’ailleurs pour cette confusion Pierre Bachelet et son titre “Quand on aura 20 ans en l’an 2001″… Non, le Y a été choisi pour faire suite au X qui désignait la génération née entre 1960 et 1979, ceux qui ont eux même succédés aux babyboomers.
A savoir qui de la poule ou l’œuf a été à l’origine des pratiques, reste une question intéressante à la lecture de ce livre. Est-ce parce que la société nous a poussé à devenir “individualistes”, ou “égoïstes et paresseux” (citation du quotidien Le Monde, rappelée dans le livre), que nous nous sommes enfermés derrière nos écrans, ou sont-ce les écrans qui nous ont propulsé dans cette culture?
Est-ce parce que “notre précarité nous a mené vers une solidarité d’un genre nouveau” que nous avons inventé les réseaux sociaux tels Donnons.org, ou même encore Facebook et Viadeo, dont les qualités d’entraide me sont régulièrement loués. Ou est-ce que Internet qui nous a lancés, ou permis, d’inventer ce mode de fonctionnement?
Et toujours sur cette idée de précarité, d’où découlerait “la Débrouille”, est-ce pour cela que nous avons une foi prononcée pour les logiciels libres et gratuits, le hacking, le détournement, le remix… ou est-ce l’avènement de cette culture qui nous a laissé la possibilité de nous définir comme des “bricoleurs“?
Je ne doute pas que de nombreuses questions similaires vont se poser en abordant les chapitres qui suivent, tels “Ils sont indécis en amour” “Ils sont dopés au porno”, “Ils ne croient plus en rien”, “Ce sont de grands enfants”…
Caricatural, certainement. Autobiographique, évidemment. Provocateur, apparemment il le faut bien pour percer dans l’édition sur un tel sujet. Une piste cependant passionnante pour comprendre notre lien avec ces machines à communiquer qui façonnent désormais notre quotidien, et de plus écrit par deux femmes, ce qui me permet d’agrémenter l’aspect “geekette” de mes posts. A suivre…
J’aurais tendance à parler plutôt d’héritage pour une raison simple : La quasi-totalité des outils et plateforme tant aimé par la “Génération Y” ont été créé par la “Génération X” (Prouvant au passage que cette classification en génération est une vaste fumisterie de marketeux en mal de mots qui buzz)