Voici un excellent débat soulevé par Idea Channel, dans cette vidéo intitulée “Is Miku Hatsune A More Authentic Pop Star Than Lana Del Rey?” (Miku Hatsune est-elle une pop star plus authentique que Lana Del Rey?).
Pour ceux qui sont restés dans une cave les trois dernières années, Hatsune Miku est évidemment une icône populaire incontournable. Pour les autres, qui sont allés se confronter à la *vraie vie*, vous connaissez certainement Lana Del Rey, que la catégorie précédemment citée de barbus appelle donc Lana Del Duck. Je vous invite à découvrir le cas échéant Miku dans mon post Spectacle et Nouvelles Technologies, c’est une idole virtuelle tirée du logiciel musical Vocaloïd, tellement appréciée qu’elle est présentée en concert holographiques géants au Japon. Quand à ceux qui se posent encore la question de savoir qui est Lana-bouche-de-canard, je ne vous invite absolument pas à écouter sa musique, mais vous recommande ci-dessous (en fin d’article) un excellent remix de sa track Born To Die par Gucci Vump.
Mais donc, revenons à nos bichons, la vidéo d’Idea Channel.
[youtube=http://youtu.be/r3c8STXjQ20]
Où l’auteur se questionne sur la *réalité* de Miku face à Lana. Le débat est passionnant au regard des cybercultures, avec un parallélisme entre les personnalités virtuelles et les personnes marketées, façonnées pour (par) le marché commercial. Là où deux mondes se séparent, d’un côté les tenants de la culture libre, quitte à ce qu’elle soit qualifiée de virtuelle ou pirate, et de l’autre, la culture commerciale de masse d’où émergent des soit-disant œuvres et artistes réels, mais finalement complètement factices. A ce sujet je vous suggère de lire mon article Artiste numérique, où je parle justement de cela, et qui a eu de nombreux retours d’internautes sur cette dichotomie culturelle – le mot prenant tout son sens dans l’assertion “Diviser pour mieux régner”.
Le commentaire le plus “thumb up-é” de cette vidéo est lui aussi très intéressant:
“Here’s the thing… The point about Miku being real or not isn’t really important. Her voice might be synthesized and her image “manufactured”, but the catch is – most (if not all) Miku content is fan-made.
Anyone can write a Hatsune Miku song and even publish a CD with it. And her different outfits come from various fanart drawn by fan artists.So, in the end, Hatsune Miku is made real because she is a reflection of the fans’ work, ideas and wishes. That’s why she connects to the audience.”
“Voilà ce qu’il se passe… Le fait que Miku soit réelle ou pas n’a pas d’importance. Sa voix est peut-être synthétisée et son image fabriquée de toutes pièces, mais le point majeur est que (presque) toute son oeuvre a été réalisée par des fans. N’importe qui peut écrire une chanson de Miku Hatsune et même en publier un CD. Toutes ses tenues ont été réalisées à partir de fanarts dessinés par des admirateurs. Ainsi au final, Miku Hatsune est réelle car elle est le reflet des idées, du travail, des envies, de son audience. C’est pour cela qu’elle est si proche de son public”.
Merveilleuse réflexion… Ainsi on rejoint à nouveau l’idée qu’une partie de la culture dite “populaire”, revient aux mains du peuple. Idée déjà évoquée ici dans Médias Sociaux et Vox Populi. Internet, une nouvelle démocratie, du pire comme du meilleur, en émergence?
Après des années de construction d’une culture de masse, que certains tenants des conspirations Illuminati considèrent comme le nouvel opium du peuple, supplantant la religion, il est passionnant de se pencher une fois de plus sur les changements profonds que le Web est en train d’engendrer.
Nous sommes nombreux à y réfléchir, j’y apporte ma contribution ici en Français, grâce à Geeky Girl In Motion depuis bientôt quatre ans, mais aussi à travers mes (modestes) écrits fantastiques et science fiction, ainsi que mes travaux vidéo, tant dans les images que je choisis que dans mes recherches pour des installations multimédia ou interactives.
Et vous, plutôt IRL ou irréel? Cela vous choque-t-il qu’on idolâtre une icône virtuelle, ou au contraire, qu’on se pâme devant des artistes complètement faits pour satisfaire des oreilles et des yeux conformés par la culture de masse?
[youtube=http://youtu.be/q6ACh1DYklM]
L’idée d’un logiciel permettant à tout un chacun de composer et d’écrire des chansons est intéressante, car il stimule et démocratise la créativité. La vraie question à se poser est : pourquoi la création d’un personnage virtuel ? Car l’humanisation du non-humain a pour conséquence inexorable la déshumanisation de l’humain.
Je vois que la censure est rude par ici, et sans même une réponse ou une explication… Peut-être qu’un personnage virtuel aurait été traité avec plus de respect… Le début de la déshumanisation…
Na Na, je te réponds avec beaucoup de retard, j’en ai bien conscience. Excuse moi, je ne sais pas pourquoi je ne recevait plus les “annonces” de commentaires et je viens seulement de découvrir le tien… et du coup de le valider. SHAME ON ME ! Ta réflexion est intéressante. Je pense que le virtuel laisse plus de place à l’imagination, et que du coup cela ouvre l’audience sans “projection”, laissant chacun libre de son fantasme.