Chères lectrices (et lecteurs),
et oui, un an déjà que le blog Geeky Girl In Motion a ouvert ! Et depuis, beaucoup d’évolutions, et il est temps de faire le point.
Déjà, nous avons compilé plusieurs dossiers, à retrouver dans le menu (actuellement à droite) du blog. Cela nous a aidé à cerner quelles sont les images de la femme dans les représentations “geek” du moment, mais aussi les références culturelles qui jalonnent nos hobbies.
Ensuite, alors qu’il y a un an nous trouvions plutôt novateur de parler de la geek-attitude version féminine, nous nous sommes aperçu que les sites dédiés aux geekettes sont désormais nombreux, certains étant d’ailleurs bien antérieurs à notre blog, et parfois très ciblés tel The Green Geekette.
Enfin, une pratique de partage social a émergé en France : Twitter ! Pour ma part, je suis désormais parfaitement accro à ce système de micro-blogging, qui m’a détournée depuis plusieurs mois de mes publications sur ce blog. En effet, mes idées de liens à conseiller, je les poste désormais sur mon compte MinkyMina, la facilité des 140 caractères remplaçant la mise en page et en images des articles ici !
La femme geek n’est plus du tout une exception culturelle mais bel(le) et bien une véritable actrice du cyber-engagée, fière et revendicatrice. On peut ainsi par exemple trouver sur Twitter le compte Geekgirls, qui forwarde – RT ou retweeet pour les initiées – de nombreuses infos sur la geekettitude (et hop un néologisme de plus, des fois que Google vous envoie par ici 😉 . Il y a quelques jours, une polémique a même agité notre communauté, pourtant rarement vindicative, car 2 femmes se disputent actuellement la propriété légale du terme “geek girl”, l’ayant chacune déposée officiellement à quelques mois d’intervalle. Nous avons d’ailleurs pour la plupart été assez dérangées par cette tentative d’appropriation !
Je précise, car ces affirmations peuvent tout à fait être contestées, que je ne parle que de mon point de vue au sujet du phénomène geek + girl , et de mes recherches récentes ! J’ai bien conscience que de nombreux groupes de réflexion sont en place depuis des années et que cela n’est en quelque sorte pas une nouveauté. Je sais aussi que mon avis est très “français”, et que l’évolution du mouvement a été différente dans d’autres pays.
Pour ma part – anecdote perso – je n’ai pris conscience de ma position de femme dans le mouvement geek qu’à l’occasion de ma soutenance de stage, à la fin de mes études de multimédia. J’avais occupé le poste de technicienne réseau dans une entreprise de consulting, et mon expérience avait été très positive. Les quelques filles qui suivaient la même formation que moi s’étaient à 80% orientées vers des stages en design et ergonomie web, une seule en programmation, une autre dans l’édition audio et vidéo. A l’issue de mon entretien avec les enseignants du jury, ils m’ont tout d’abord assuré d’une bonne appréciation, puis, avec une curiosité concertée, m’ont demandé “Et … qu’est-ce que cela vous a apporté d’être une femme dans ce domaine?”.
Et là, j’ai réalisé ma position, tout en me remémorant ce qui m’avait poussé à arriver devant eux. Passionnée de science-fiction depuis mon enfance, réalisant des robots avec mon frère, trouvant un stage en webmastering pour la radio NRJ, puis un emploi en tant que serveuse dans un cyber café … et au final, à la recherche d’un établissement pour me diplômer dans ce domaine, à l’époque il n’y en avait que 7 en France, et j’avais pu arriver là. Comment alors me justifier, pourquoi? J’ai cherché les -rares- réflexions que l’on m’avait faites lors de mon stage au sujet de ma condition de femme dans un domaine technologique.
Bon évidemment, pas la peine de leur évoquer les sourires masculins en coin lorsqu’il s’agissait pour moi de me glisser dans des amas de câbles, déplacer du mobilier pour trouver le fil débranché, ou tripatouiler le serveur en ressortant avec une grosse trace de poussière sur la joue. Je me suis alors souvenu d’une scène avec une jeune femme désemparée devant sa bécane, ne trouvant plus les fichiers dont elle avait besoin pour rendre un rapport au plus vite. Je l’ai guidée tranquillement, puis lui ai fait un petit pas-à-pas écrit pour qu’elle puisse s’en sortir seule la prochaine fois. Et elle m’avait dit “Je suis bien contente que vous soyez là et m’expliquiez la démarche, car la plupart des hommes que nous avons eu avant vous, me prenaient la souris en grommelant des mains, faisaient la manipulation à toute vitesse et s’empressaient de repartir dans leur bureau en me faisant bien comprendre que je n’étais pas douée”. AH ! Enfin un argument, celui de la pédagogie ! Voilà donc ce jour, tout ce que j’ai trouvé à répondre à mes professeurs, qui, ravis d’avoir une réponse (évidente?) à leurs questionnements, m’ont félicitée et gratifiée d’un beau 18/20.
Depuis, je suis devenue vidéo-jockey, un métier qui n’est pas très répandu en France et consiste à créer en direct des clips pour des évènements culturels, la plupart du temps musicaux. Je transporte mes 20 à 30 kilos de matériel, branche et tire mes câbles seule, configure et utilise mes machines (ordinateur, table midi Behringer, table de mix Edirol V4, écran de retour, enregistreur vidéo, etc…), pour mixer jusqu’à 6 heures d’affilée. Je n’ai eu, en 300 prestations, qu’une seule réflexion ‘dévalorisante’ relative à mon statut de fille : au Bataclan, un régisseur avisé m’a félicitée de m’en sortir seule, car “D’habitude, les filles, on leur fait tout leurs branchements et elles viennent juste sur scène pour jouer”, ce sur quoi je lui ai répondu qu’il aurait été bien en difficulté si je lui avait demandé de brancher et configurer mon matériel, qu’il ne connaissait absolument pas. Par contre, les encouragements positifs ont été nombreux, tout d’abord de la part des agences de communication, car la plupart du temps, ce sont des femmes qui sont en charge des dossiers et me contactent, elles sont toujours ravies d’avoir affaire à une consœur et sensibles à mon esthétique visuelle. Les clients et spectateurs de mes shows ont une affection particulière quand à mon statut de “fille qui bidouille des machines sur scène”, un mélange de curiosité et d’étonnement devenu pour moi un atout. Et je suis actuellement en train de me former sur de nouvelles machines de live, cette activité étant définitivement le fil rouge de ma vie.
Alors voilà tout ce qui m’a mené ici, entre autre pérégrinations numériques dont je ferais désormais peut-être un peu plus étalage ici au long de nouveaux article, si le vent m’y pousse. A suivre …
Cyberly yours,
Alice au pays des pixels 🙂