Cerveau virtuel : j’utilise volontairement ce mot galvaudé qu’est “le virtuel”, car à lire l’article de Paul Miller sur sa déconnection d’Internet pendant un an, ce que nous définissions hier comme irréel, ou intangible, est devenu plus que jamais une réalité quotidienne.
Il y explique comment en pensant revenir aux sources avec les lettres papiers, se déplacer au lieu de téléphoner, et utiliser des cartes imprimées au lieu d’un GPS, il a essayé de redécouvrir la vraie vie.
Et comment, au bout de quelques mois et passé les premiers instants d’euphorie, il s’est senti désœuvré et seul. Pour lui, Internet et nos vies online sont, justement, l’essence de nos vies concrètes grâce à l’immense capacité de partage que ce réseau nous permet. L’information, relayée, enrichie et échangée, devient vivante et attachante, bien plus qu’un outil de savoir isolé. Il s’attendait à être étonné, conquis, rafraichi… et pourtant, spécialiste des nouvelles technologies, il y revient en force, convaincu plus que jamais des bienfaits de l’immersion dans la toile.
Des milliers de connections à la seconde, une définition qui sied tout autant au fonctionnement de notre pensée qu’à Internet. Et d’après Slate, une métaphore du meilleur comme du pire. Leur article “Comment la technologie et Internet développent nos esprits” oscille entre les constats alarmants et les idées prophétiques d’actualité. Google glass, esprit étendu, techno-optimisme et intrusion dans les données personnelles s’y mêlent joyeusement (ou pas?) pour dresser un portrait de nos nouveaux circuits de compréhension. Je n’ai pas su s’il fallait sortir conquise ou désenchantée à la lecture de l’article, à la fois effrayée et fascinée par les ramifications idéologiques proposées. La dernière phrase même reste ambigüe : nous serions plus enclins à nous transformer en Einstein qu’en Rain Man en usant des technologies. Je ne suis pas sûre de vouloir me reconnaître ni dans l’un ni dans l’autre.
Pour finir, un mot sur le buzz absolument faramineux que notre groupe d’électro national Daft Punk a réussi à générer pour son titre “Get Lucky”. Une insertion subliminale dans nos cerveaux en passant par la toile et ses ramifications virtuelles. La boucle de quelques secondes diffusée tout d’abord le 3 Mars 2013 dans le Saturday Night Live, est devenu un tube avant même la parution du morceau final, avec des reprises de fan et une version en boucle de 10 heures ayant dépassé les 264 000 vues sur Youtube… la légende est lancée. Insidieusement, le refrain entêtant est déjà entré dans tous les inconscients. Les rumeurs se déchainent. “Get Lucky” n’est pas encore sortit que tout le monde en parle… Et lorsqu’enfin il est produit sur scène pour la première fois, 4 heures après le release officiel, le public reprend en choeur le refrain avec Pharrell Williams, qui se paie le luxe d’arrêter en plein milieu pour mieux reprendre depuis le début, au plus grand bonheur des fans présents, qui filment le tout avec leurs téléphones portables. La track sera ainsi jouée 3 fois d’affilée.
Daft a tout compris, et c’est pour ça qu’on peut être fiers qu’ils représentent la France sur la scène mondiale. Get Lucky, c’est un exemple de dissection des nouveau réseaux, d’usage des mèmes, du mystère et des Tweets en 140 caractères, de l’exclusivité et des médias confidentiels pour mieux susciter l’attention.
Là donc je ne serais pas trop gênée qu’on les compare à Einstein : E=MC2. L’énergie d’un buzz est égale à sa masse de réputation multipliée par la célérité des réseaux sociaux au carré.
[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=bROXT5wYUfQ]
Une reprise de Get Lucky par Eagles & Butterflies, featuring Alice Rose.
Et pour ceux qui ne l’auraient pas encore vu (uniquement 28 450 hits sur Youtube!), une des premières apparitions de Daft, à l’époque où ils n’étaient pas encore Punk, donc sans masque.
[youtube=http://youtu.be/cSxnPBtIXvA]
5:46 : “Thomas les aigus bordel”… et oui! Y’avait du frenchy dans le Wisconsin. Des témoins dans la salle?
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